Villenauxe

Rompre l’isolement des dirigeants

Beaucoup de chefs d’entreprise et de directeurs de service éprouvent un profond sentiment de solitude dans leur métier. Quelques chiffres impressionnants :

  • 46% des dirigeants de PME disent connaître un sentiment de solitude ou d’isolement
  • 75% des dirigeants déclarent qu’ils ne se sentent pas soutenus par leur entourage et peu d’entre eux parlent de leurs problèmes à leurs proches
  • 10 % des dirigeants d’entreprises seraient proches du burn-out

C’est un peu le lot des patrons, affronter seul toutes les situations, la tête dans le guidon. Il est dommage que ce constat soit un peu tabou, car l’isolement du dirigeant est la manifestation psychique de son stress. Un mauvais stress qui provoque un sentiment de vulnérabilité, dont les raisons majeures reposent essentiellement sur le manque d’appui ou de ressources, le sentiment d’être un éternel incompris et le non partage du pouvoir. Cette situation en entreprise se traduit par un réel manque de liens avec l’environnement immédiat. Winston CHURCHILL ne le démentirait pas, lui qui disait que « le pouvoir s’exerce en nombre impair, toujours inférieur à 3 ».

Parmi les situations qui peuvent amplifier l’angoisse du dirigeant, citons :

  • L’incertitude liée à l’environnement de l’entreprise
  • Le poids des responsabilités
  • Le manque de reconnaissance et l’image négative du patron aux yeux de la société civile en France, parfois assimilé à un prédateur
  • Le manque de soutien au sein de la structure, sachant que les intérêts d’un collaborateur sont fondamentalement différents de ceux du dirigeant et que les amis ou la famille ne formulent pas toujours les meilleurs conseils
  • Le stress lié à la trésorerie
  • La difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle
  • Les liens de subordination parfois conflictuels
  • Le déficit des compétences des équipes internes
  • Le sentiment de n’avoir de compte à rendre à personne qui isole de fait
  • Et enfin la loi du silence que s’oblige de nombreux dirigeants

Dans un monde économique incertain et complexe, la solitude du dirigeant peut entrainer des répercussions personnelles et professionnelles indésirables, comme par exemple être coupé des autres, avoir des difficultés à prendre du recul ou à prendre des décisions éclairées, ainsi que trouver un réel équilibre de vie. On peut dire que l’état psychique du dirigeant connaissant la solitude influence tôt ou tard les résultats de l’entreprise. Celui-ci peut se montrer déconnecté du marché et perdre l’objectivité sur le potentiel réel de l’entreprise. Enfin et très préjudiciable, les collaborateurs peuvent se démotiver. Un burn-out est toujours possible ainsi que la dégradation de l’image de marque de l’entreprise.

En situation critique, un appui pour le dirigeant doit alors être trouvé ailleurs et le plus rapidement possible. Il s’agit de rompre l’isolement, de sortir de l’impasse pour rebondir et récolter à nouveau de la confiance. Comment faire ? Dans ce contexte délicat, 45% des dirigeants français adhèrent à un réseau d’entrepreneurs. 39% ont recours à des services de conseils extérieurs. 32% participent à des foires et à des salons professionnels. 28% rejoignent un syndicat professionnel. 26% intègrent le milieu associatif. 20% continuent à se former. 14% recrutent et 9% décident d’ouvrir leur capital à de nouveaux associés.

Il existe bien sûr d’autres actions possibles à mettre en œuvre, les premiers conseils en quelque sorte :

  • Créer un comité de pilotage de l’entreprise car la gouvernance est une vraie arme anti-solitude et réduit par deux le sentiment d’isolement
  • Faire de la stratégie, tout en capitalisant sur la souplesse et la réactivité de l’entreprise. Le but consiste à travailler le positionnement de l’entreprise dans le temps, de bâtir la croissance, de distinguer l’urgent du stratégique. L’idéal serait de pouvoir prendre une journée par mois pour réfléchir à l’avenir
  • Faire émerger un Second ou un bras droit. Faut-il insister sur le rôle positif du mentorat ? Il s’agit alors de se mettre en possibilité de repérer les signaux faibles dans l’équipe pour identifier le bon profil. Pour cela, on peut créer des challenges internes avec autonomie d’exécution, afin d’évaluer savoir-faire et savoir-être. Le management collaboratif et la délégation permettent de mieux observer les talents. Bien sûr, ne pas oublier que les entreprises ne fonctionnent pas comme des armées. Il existe tout un jeu interne ou actionnaires, employés, cadres et dirigeants ont chacun leur tactique pour atteindre leur objectif personnel
  • Ouvrir son capital pour s’appuyer sur un ou plusieurs associés
  • S’offrir un coach ou un consultant afin de provoquer des échanges objectifs avec un partenaire. Un regard neuf émerge souvent de cette étape. Il permet de prendre conscience de ses ressources dans l’entreprise, de hiérarchiser problèmes et priorités
  • Se former pour renforcer ses compétences
  • Pratiquer des activités physiques sans risque et penser aux loisirs. 5% du temps consacré à son propre bien être démultiplie l’énergie, les capacités d’analyse et l’efficacité de tout un chacun. Il s’agit simplement de faire un effort pour garder les pieds sur terre et de garder une hygiène de vie

Dans l’absolu, le rôle d’un dirigeant n’est pas de travailler dans son entreprise mais sur son entreprise, dans la sérénité et la clairvoyance.

franchir un cap

Référence : https://www.capital.fr/votre-carriere/le-pire-ennemi-du-chef-dentreprise-cest-la-solitude-1356252

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